dimanche 12 février 2012

Un joyau sur le Rhin

Il existe plusieurs façons de choisir une destination voyage. Jetez un œil à la carte ci-dessous. Chacune des villes que nous avons visitées s’y trouve.  

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Pas mal, n’est-ce pas? Et maintenant, comment croyez-vous que nous avons choisi nos destinations? Au hasard? En fonction de la probabilité d’y trouver la succursale européenne de la fromagerie Boivin? En suivant l’itinéraire de la tournée d’adieu des Rolling Stones (le fameux Electric Weelchair of Steel Tour)? Pas du tout. Les véritables décideurs, ici, sont les enfants.

Rien de plus merveilleux que de m’asseoir sur le divan, de présenter à Michel les différentes possibilités qui s’offrent à nous: châteaux, musées, palais, cathédrales, rivières puissantes et remparts anciens, marchés séculaires et plages labourées par  les vents. Et lui de me répondre, de sa voix à la fois douce et impérieuse: « Boire du lait? » Comme vous vous en doutez, les enfants décident, mais ne choisissent pas. Comment choisir où aller, dans ce cas? Il suffit de savoir combien de temps les chérubins peuvent passer assis sans que l’habitacle ne soit inondé par un tsunami de hurlements;  trois heures, dans notre cas.

Lorsque Jean-Philippe nous a annoncé sa visite, nous lui avons donc demandé d’identifier des endroits qu’il désirait visiter à 300km ou moins de Bruxelles. Ses choix ont finalement été, après des négociations épiques, Reims et Köln (Cologne) en Allemagne.

Köln est une ville à l’histoire fascinante, qui reflète l’évolution du continent Européen au cours des vingt derniers siècles. Fondée en 50 après JC par les Romains, elle portait alors le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium, ce qui signifie:
  • Ville de droit romain (Colonia)
  • Créée sous le règne de l'empereur Claude (Claudia)
  • À l'emplacement de l'autel des Ubiens (Ara ubiorum), ces derniers étant une tribu germanique alliée aux Romains depuis l’époque de Jules César
  • Par la volonté d'Agrippine (Agrippinensium), épouse de l’empereur et mère de Néron.
Heureusement pour nous, le nom de la ville est devenu plus court avec le temps. La présence romaine se fait cependant encore sentir aujourd’hui. La ville est parsemée de ruines d’époque, comme cette tour de garde qui faisait partie du système de remparts, achevée au IIIe siècle.
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Source: Wikipedia Commons
Köln a joué un rôle important pour les rois Francs, descendants de Clovis, pendant le Bas Moyen-Âge – assumant même le rôle de capitale à une certaine époque. Devenue siège épiscopal au VIIe siècle, elle joua un rôle majeur malgré la perte d’influence politique qui suivit la décision de Charlemagne de s’établir à Aix-la-Chapelle (Aachen). Intégrée par la suite au Saint Empire Romain Germanique, elle fut pendant longtemps administrée par des princes-évêques, pas nécessairement prêtres. Elle reçut en 1475 confirmation de son statut de ville libre par l’Empereur Frédéric III, ce qui en faisait une quasi-république soumise au seul pouvoir du souverain.

Fait intéressant: c’est en 1709 que fut fondée à Köln la plus vieille usine de parfums du monde. On ne parle pas d’eau de Cologne pour rien…

Les guerres des XIXe et XXe siècles ont marqué Köln de manière durable. Conquise par les Français en 1794, elle fût intégrée à l’Empire de Napoléon Ier et ne réintégrera l’espace germanique qu’après la chute de ce dernier en 1815. Köln devint alors propriété de la Prusse, autour de laquelle allait se construire l’unité Allemande en 1870.

Vu sa position privilégiée sur le Rhin, il n’est pas surprenant de constater que Köln a joué un rôle économique de premier plan de l’Antiquité à nos jours. Cela explique pourquoi on y construit de 1855 à 1859 le premier pont permanent traversant le fleuve depuis l’année 953. Ce pont fut suivi d’un second en 1911: le pont Hohenzollern, par lequel transitent quotidiennement plus de 1200 trains encore aujourd’hui. Objectif stratégique de première importance pendant la seconde guerre mondiale, Köln fût bombardée à 242 reprises par les Alliés; on estime que plus de 20,000 personnes perdirent la vie. En 1945, la ville était un champ de ruines.


Le seul immeuble d'importance qui ait survécu au conflit est l'imposante cathédrale, dont la croix surplombe le Rhin depuis plus de 750 ans.




Débutée en 1248, sa construction fut interrompue une première fois en 1560 avant de reprendre partiellement un peu plus tard au XVIe siècle. Ce ne fût toutefois qu'en 1842 que les travaux reprirent à grande échelle. La façade et les tours furent complétés en 1863 d'après des plans datant du XIVe siècle.


La cathédrale de Köln impressionne aujourd'hui par ses dimensions. La photo de la nef centrale, placée ci-dessus, rend à peine compte de la majesté de l'édifice.




La cathédrale est la deuxième plus haute d'Allemagne et du monde avec ses 157 mètres de haut. Il est possible de gravir l'une de ses tours moyennant l'escalade de 533 marches. Jean-Philippe et moi, dans un esprit d'expérimentation scientifique désintéressé, avant effectué l'ascension pour vous. Nous avons eu une vue imprenable sur la ville, le Rhin, et les environs.









La ville est cerclée par un réseau assez dense d'usines et d'infrastructures industrielles, preuve tangible de la vigueur du secteur manufacturier dans le pays.

Les tours de la Cathédrale hébergent un impressionnant ensemble de cloches dont la plus grosse, appelée St. Petersglocke (cloche de St Pierre) mesure 3,23 mètres de diamètre et pèse 24 000 kilos.






Le plancher de la cathédrale est parsemé de nombreuses mosaïques, d'un grand intérêt artistique. 



L'intérieur de la cathédrale contient de nombreux trésors, qu'ils aient été prévus à l'origine pour elle ou déplacés dans son enceinte à un moment ou à un autre de son histoire.




Le plus célèbre est sans contredit la Chasse des roi-mages, qui contiendrait les restes des célèbres personnages du Nouveau Testament. La photo ci-dessous provient du site de.wikipedia.org et a été prise par l'utilisateur Arminia, puisque les échafauds utilisés dans le cadre de travaux de restauration bloquaient la vue lors de notre visite. 


Les Rois-Mages jouent un rôle important dans le folklore et la culture locales, comme vous pouvez vous l'imaginer. Le drapeau de la ville, photographié ci-dessous, en est un exemple. Les couronnes des trois rois y sont représentées de même qu'un motif rappelant les manteaux d'hermine habituellement portés par les souverains.


Comme vous pouvez vous en douter, notre visite de la cathédrale a occupé la majorité de notre journée à Köln. Elle mérite sans contredit son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco, qui date de 1996. 

Nous avons décidé de couronner notre voyage par une croisière sur le Rhin en fin d'après-midi. 









Le Rhin joue toujours un rôle fondamental dans l'économie allemande; il est parcouru quotidiennement par des centaines de barges à fond plat. 


Voilà pour notre passage à Köln en Août 2011. Dans mon prochain message, je vais vous faire vivre notre pèlerinage sur les traces de la première guerre mondiale en novembre dernier.